15eRallye du Dourdou à Villecomtal dans l’Aveyron 13 et 14 juillet 2018 (1)
— article publié le : 27 juillet 2018
Duo Bernard/JC Michel #91 MT 09 Yamaha Catégorie Rallye 2
Rallye en duo, rallye dingo !
Dingue c’est le mot, mais je pense qu’il vaut mieux vous laisser chercher vous-même des qualificatifs à cette aventure après avoir tout lu 😉
Déjà, je préviens les passionnés du résultat, allez direct sur AFC Micro, parce qu’ici, les résultats, j’en parle pas. Pour les autres qui veulent du débile et du croustillant, vous devriez être servis.
Autre chose, ne cherchez pas de chronologie dans ce compte rendu, y en a pas, c’est en vrac, à l’image de ce qu’on a vécu.
Et puis dernier avertissement avant de rentrer dans le dur : je vous promets un taux d’intox proche de zéro, tout ce que je raconte ici s’est (presque) réellement passé comme ça !
Intro
Pour le contexte, c’est simple, pour moi le rallye a commencé le mardi précédent, quand la décision a été prise que je remplace papa Bernard derrière Thibaut. Bon je connais bien le pilote, ses compétences aux chronos, sa jeunesse de stunteur, et sa carence en neurones, j’aurais dû me douter que ce serait pas de tout repos.
Au passage, ce même mardi, la décision est tombée de garder tout ça secret jusqu’au dernier moment, histoire de se marrer encore un peu plus avec l’effet de surprise.
Allez, assez bavardé, pour la suite c’est simplement des anecdotes en vrac, telles qu’on les a vécues, classées par « style ». Enjoy !
Les deux vrais pros du rallye
Pour ceux qui en doutent, oui Tib et moi on sait faire du rallye, on sait naviguer, et on prend normalement quasiment jamais de pions. Des pros du rallye. Des métronomes, des top-navigateurs. Ça c’est normalement. Pas au Dourdou en duo ! Je vous raconte pas le binôme en pleine action, en totale concentration. Enfin si, je vous raconte :
A un des pointages de jour, je sais plus lequel. Moi j’annonce : « on pointe à 22 ».
Tib « ça se peut pas, les pointages c’est 30 ou 0. »
Moi « on pointe à 22 zéro connard ! »
Tib « à 22 KM zéro ?? Putain c’est loin ! »
Moi « à 22 minutes, débile ! »
Tib « dans 22 minutes ? Putain c’est long ! »
Moi « NON ! À 13 heures et 22minutes !!!! Et il est 13h24 »
Et tout ça en se marrant et en roulant comme des débiles, pour rattraper encore une fois un jardinage de plus.
Y a eu aussi une entente parfaite entre pilote et passager, l’osmose. Notez la nuance entre :
Moi « Putain là, ON a mis du gaz » quand tout va bien.
Et, moi « putain là, TU t’es traîné » quand ça va moins bien.
Ben quoi, c’est pas parce qu’on tient pas la poignée de gaz qu’on peut pas mettre un peu de mauvaise foi ☺
Dans le genre pro, y avait du bon boulot de copilote en spéciale aussi :
Moi « gaffe celui-là c’est l’épingle serrée, sale à l’intérieur……….ah ben non en fait c’était pas celui-là. Ça doit être le prochain ».
Et la fameuse case 21 du roadbook, on vous en a parlé ? Au briefing c’était clair, cette case est fausse, il faut l’enlever. On s’en est bien souvenu,… après avoir jardiné 10 minutes dessus.
On s’était promis dès le début de se parler explicite dans l’intercom. Pas de politesse, on tourne pas autour du pot, que ça aille bien ou mal, droit au but. Du coup j’ai passé la plupart de ma journée à balancer des « tout est OOOKKKK ! » histoire de valider qu’il pouvait continuer à essorer la poignée. C’est devenu assez vite ridicule, et donc drôle. Du coup j’ai continué 😉
ah oui et dans le style préparation de pro, on avait rien négligé avant de commencer. on s’est coupé les poils du nez. Vachement important ça. Si, pour l’oxygénation. Vous marrez pas, essayez, vous verrez. Enfin si, marrez vous, mais croyez moi, ça marche !! (c’est l’effet K&N dans le jargon pilote. les vrais savent).
On a crevé pendant le 1er CH de jour. Pendant qu’on mettait la mèche, on se disait « cool, la crevaison ça nous fait une excuse pour pointer à la bourre ». Ben oui, on était déjà en train de jardiner sévère à ce moment-là !!
Et, au fait, on a tellement souvent remonté le temps sur le routier a force de jardiner, que la MT09, je l’appelle la DeLorean.
Y a aussi cette vanne qui nous a fait un moment : « t’as vu la brêle elle louvoie. ». « Quoi ?? Elle te vouvoie ?? » . « Ben oui parce qu’elle sait qui c’est le patron. ». « Ah ben si c’est pour ça, dis-lui qu’elle peut te tutoyer ! » oui je sais, c’est très con mais dans l’action, on s’est marrés.
Des bonnes vannes avec le staff rallye
A un des pointages CH de jour, j’annonce en donnant le carton « euh, vous ferez attention mais vos horloges déconnent, elles avancent pas mal. ». La bénévole devient livide jusqu’à comprendre que je déconne, et qu’on pointe juste grave à la bourre suite a jardinage.
On l’a bien aimé cette vanne sur les horloges qui avancent. Alors comme on était chauds on s’est payé le luxe de l’annoncer aussi au PC course (pendant qu’on poirotait devant pour le CH fin de boucle). Je vous laisse imaginer l’ambiance, le petit vent glacial avant l’éclat de rire quand ils comprennent qu’on déconne ☺
Arrivée ES2, des enfants proposaient des bonbons aux pilotes. Tib : « tu vois le rallye c’est dangereux, ça peut donner des caries ☺ ».
Au CH avant ES1, en me rendant le carton il dit « mais les gars vous avez pointé 30sec en avance !! ». Nous, relax, … « mais non non t’inquiète on maîtrise… on a juste pointé 9min30 en retard !! ». (Nota : suite à notre crevaison).
Arrivé au dernier CP de jour, Tib « on fait encore un peu le show ?? » moi « pfff putain j’en peux plus là ». Tib « ouais moi aussi j’ai mal au bras mais bon on est obligés… ». Et nous voilà sur la roue avant pour un stoppie de l’espace devant la table de pointage, un de plus, qui encore bien régalé tout le monde, moi le premier. La demoiselle en me rendant le carton me dit « mais toi t’es vraiment malade de monter derrière ». Et j’avoue qu’à cet instant elle m’a presque convaincu.
Beaucoup moins drôle
Y a pas que des moments rigolos en rallye….
Suite à une ES en mode déconne (pneu arrière dégonflé, pas moyen de jouer un chrono, alors autant s’amuser un peu) arrivée au point stop sur la roue avant en plein éclat de rire. A cet instant on voit l’ambulance avec du monde qui s’active autour. Douche froide, personne a envie de voir ça. On espère sincèrement que tous ceux qui ont eu des bobos s’en remettront vite !
Le prologue a pas été drôle non plus, du tout. On va pas se mentir, on est partis tous les 2 tendus. Tib a pété un plomb d’être bouchonné dans les ES, et ça a failli mal terminer, on a failli percuter un autre concurrent sur le routier alors que Tib regardait le roadbook. J’ai juste eu le temps de gueuler. Quand on est passager d’une brêle et qu’on sent que le pilote est en pétage de plomb, on a un peu l’impression d’être pris en otage, quasiment au sens propre…. Heureusement, comme on est tous les 2 des gars plus raisonnables qu’on a l’air, ce stress s’est assez vite calmé et le plaisir a rapidement pris le dessus. En fait, il a fallu le temps de pause entre prologue et nuit pour tout effacer et commencer le « vrai » rallye avec la banane.
Les galères
Alors pour être clair, oui on a galéré, et vous avez compris que toutes ces galères ont été autant de motifs de déconne, sinon y a de quoi se tirer une balle. En vrac on a eu : crevaison, panne de batterie, panne de vector, panne de micro intercom, et puis les jardinages mais ça c’est pas le destin, c’est juste l’absence totale de concentration !
Les improbables
Y a aussi eu des moments « WTF » comme on dit.
Par exemple, à l’assistance, Mickus qui nous sort : « Le virage de la ferme, il est chaud ! ».
Tib « attends, y a une ferme dans une spéciale ?? Mais quelle spéciale ? »
Mickus « ben dans saint Felix »
Tib « c’est laquelle saint Felix ?? »
Moi « ……….. »
Au passage, pour ceux qui en doutent, on a vraiment pas eu le temps de reconnaître grand-chose. On avait 5 passages dans l’ES1 et 2 passages dans l’ES2. Alors non, sérieux, c’est pas assez !
Départ de la 1ere ES de nuit, moi « bon Tib, ce qu’on fait, vu qu’on la connaît pas, on a qu’à dire que c’est des recos ? » Tib « ah ouais putain c’est cool on va rouler sans pression comme ça ! ». Et voilà comment détendre l’atmosphère et tourner la situation a notre avantage. Comme quoi c’est qu’une question de perception. ☺ . A noter qu’au 2eme passage on améliore de 7 secs. Donc oui, au début on était vraiment en recos !!
Sur le routier, de nuit Tib « y a un truc qui me gêne la jambe là. C’est quoi ?? ah c’est un slider ». Moi « tu perds ton slider ?? ». Tib « ben non ! Enfin je sais pas ». J’ai attrapé le slider en question, c’était le mien, qui était sur la jambe de Thibaut. WTF ??!!… comment un slider a pu sauter d’une jambe à l’autre, sérieux ça reste inexpliqué !!!
Au cours d’un nouveau jardinage, demi-tour dans une intersection en montée. Tib « oh merde c’est chiant ces demi tours, allez, on coupe par-là ». Moi « Euh…. » . Le « par-là » en question c’était un putain de talus qui m’aurait déjà calmé en enduro. Tib « tu vois ça passe. Et t’as remarqué comme en rallye on s’autorise des choses qu’on fait pas normalement ? ». No comment ☺
A un des départ de ES de nuit, Tib « tu l’as en tête toi ?? ». Moi « ben… non…. mais tout est OK !! ».
Arrivés au dernier CH de nuit, on coupe le moteur pour attendre de pointer (on était à l’heure cette fois ci !!!). La brêle a plus jamais voulu redémarrer. Panne de batterie au dernier CH c’est beau. On pointe en poussant, on time, nickel.
On avait juste oublié que le rallye était pas fini, et au lieu de mettre la batterie en charge avant d’aller se coucher, on a bien failli pointer en retard au départ du jour, après avoir galéré à démarrer la brêle a la poussette. De quoi faire 2 litres de sueur avant de commencer une journée qui s’annonçait caniculaire. Intelligent ça. Merci au passage à ceux qui nous ont poussés !
En attendant le départ ES1 jour, pendant qu’on avait le pneu à 800g de pression (suite à crevaison + réparation à la mèche), du coup la pression on l’avait plus. On savait qu’on allait pas faire un scratch ici. Alors on batifolait en attendant, et on est tombé sur la limace la plus grosse du monde. Au moins 20cm. Oui je sais ça a rien à voir avec le rallye. Improbable je vous avais prévenu ☺
Les clashs
Quelques jolis coups de gueule, en vrac…
Tib, en pleine spéciale « dis donc JC, le gauche, t’as passé la journée à m’annoncer qu’il était long et la tu dis rien. Il a raccourci ou quoi ?? ».
Tib, à l’assistance « eh JC, tu penses continuer à bricoler ta frontale ou tu m’aides à mettre de l’essence ?? ».
Tib, en plein jardinage « putain mais on est ou là ?? ». Moi « ben je sais pas démerdes toi, on a dit la navigation c’est toi. »
En pleine spéciale de nuit, Tib « JC ta frontale elle me fait chier là ». Effectivement le faisceau de la lampe que j’avais gardé allumée autour du cou gigotait sur le talus à gauche. De quoi bien déconcentrer. J’ai essayé de la bloquer sous mon menton. Moi « c’est bon elle t’emmerdera plus ! ». Sauf qu’à la compression suivante, elle est retournée danser, et Tib a continué de m’insulter ☺
Du gros gaz en spéciale
On a beau se marrer, la poignée était bien essorée quand le décompte tombait à zéro.
Sur la dernière spéciale de nuit, on a mis la garde au sol de la MT09 à mal. Dans la 2eme partie de la spéciale, ça frottait grave partout, avec de l’angle de têtu, j’en ai encore les frissons… (Par contre les chronos de jour étaient meilleurs, en frottant moins… morale : ça sert pas toujours le chrono de se mettre dans le rouge).
Y a aussi les pifs pafs à la montée, avec la brêle qui déleste pas mal, ou le guidon est jamais dans le sens de la route. Intense ça aussi.
Le passage sur la bosse, dans la 1ere ES. Assez magique. On s’était promis qu’il fallait passer tout à gauche, mais vraiment tout à gauche. Du coup c’était à gauche 50cm dans l’herbe à tous les passages. Ça a dû régaler les spectateurs. En tous cas, nous on a aimé. ☺
Y avait aussi des beaux longs droite, dans chacune des 2 ES. Le genre ou on pouvait déhancher à mort ensemble, ça aussi c’était énorme.
Et qui a dit qu’on peut pas se parler en spéciale ? Dans une des montées les plus chaudes (2eme de jour je crois) on a casé un dialogue qui en dit long. Moi « c’est bon ça ! » Tib « c’est pour ça qu’on fait du ralllyyyyyeee !!! ».
Les départs en duo c’est quelque-chose. « T’es ok ? » « Oui je suis ok ! 5 secs ALLEZ !!! »
La dernière spéciale, c’est surement l’anecdote la plus marquante pour moi. Fin de journée, j’étais rincé complet, fatigue totale, allongé au sol au CH avant l’ES. J’ai demandé à Tib d’en rendre pour la dernière. Tib « putain tu fais chier ! Mais bon ok, puisque tu demandes, on prend pas de risques sur celle-là. (Mais merde tu fais chier quand même hein) ».
On prend le départ, au 3eme virage, constatant qu’il m’a un peu trop écouté, et franchement trop rendu la main, je balance « bon écoute, là tu peux te permettre d’en mettre un peu plus quand même !!! » . Tib, libéré, à ré-ouvert en grand, comme avant, et a juste ajouté « t’inquiète, on va soigner le passage dans le village », qu’on n’a pas manqué de rentrer en glisse de cochon, c’était énorme ☺
Epilogue
Une fois rentré la moto au parc, grâce à l’inversion jour/nuit par rapport aux autres rallyes, on a donc toute la soirée pour se raconter tout ça, et se reconstruire à coups de bières et autres aligots-éléments. Et il y en avait grave besoin.
J’en ai profité pour rappeler à tous que, non, j’ai pas ramené de trace au fond du caleçon mais par contre, oui, des souvenirs plein la tête.
Merci à tous, ceux qui nous ont aidé en galère, ceux qui nous ont laissé doubler parce qu’on remontait encore une fois le temps suite à jardinage-crevaison-panne, ceux qui nous ont encouragé, au LBLC et la famille Bernard de m’avoir fait vivre cette aventure et surtout les bénévoles et organisateurs qui font vivre le rallye !